Le 9 juin 2025, le Dr Boga Sako, Président fondateur de la Fondation Internationale pour l’Observation et le Suivi des Droits de l’Homme et de la Vie Politique (FIDHOP) a tenu une conférence de presse à Abidjan avec le soutien de la Plateforme d’Engagement Citoyen de Côte d’Ivoire (PEC-CI).
Lors de l’évènement Dr Boga et le président de la PEC-CI, Rémi Yao Ebrin ont publiquement critiqué l’intention de l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara de se présenter pour un quatrième mandat et ont également mis en évidence des irrégularités dans les listes électorales pour les prochaines élections de 2025. Ils ont appelé à l’ouverture d’un dialogue politique inclusif et ont averti que des mesures seraient prises si ces questions n’étaient pas rapidement abordées.
Cependant, quelques jours seulement après l’événement, le Dr Boga a quitté le pays après avoir reçu, selon ses dires, des messages menaçants provenant de hauts responsables des agences de sécurité de l’État.
Dans une interview il a raconté avoir reçu un message le 13 juin à 5h21 du matin de la part du directeur général de la police nationale, Youssou Kouyaté. Le message contenait un extrait de son discours tenu lors de la conférence de presse et un avertissement selon lequel ceux qui critiquaient le gouvernement seraient arrêtés.
Plus tard, le commissaire de police d’Abidjan, Yéo Kollo, l’a appelé pour lui faire part de ce qu’il a décrit comme une “invitation amicale”, sans lui adresser de convocation officielle.
Ayant déjà passé dix ans en exil politique, le Dr Boga a été prudent, a rejeté l’invitation avant d’informer ses proches de la situation et a rapidement quitté le pays. Il se trouve actuellement aux États-Unis, où il affirme être en sécurité, mais profondément troublé par la rapidité avec laquelle la situation a dégénéré.
Le Dr Boga affirme avec insistance que son intention n’a jamais été de troubler l’ordre public. Il décrit le climat politique actuel en Côte d’Ivoire comme un contexte où la société civile est « muselée », les voix dissidentes sont persécutées, et même la parole pacifique est criminalisée.
Répondant à ceux qui l’accusent d’être parti de son plein gré, il déclare : « Ils disent que je suis parti en exil volontaire parce que leur souhait ne s’est pas réalisé. Ils voulaient que je sois arrêté. J’ai raison, et c’est cela qui les dérange. En Côte d’Ivoire aujourd’hui, même s’exprimer est devenu un crime. »
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) juge préoccupant le fait que le Dr Boga ait été directement contacté par des hauts responsables de la police peu après sa conférence de presse, estimant que cela envoie un message glaçant susceptible d’induire l’autocensure chez les voix critiques.
La MFWA appelle les autorités ivoiriennes à garantir un environnement dans lequel la liberté d’expression et le pluralisme démocratique sont pleinement respectés. Elle exhorte également le gouvernement à assurer le retour en toute sécurité du Dr Boga Sako ainsi que sa protection lors de son retour au pays.